Cambodge

J274 et 275 – Phnom Penh

Dimanche 13 et lundi 14 mars 2016 – Phnom Penh (Cambodge)

Me voilà maintenant à Phnom Penh pour ma dernière étape au Cambodge.

J’avais commencé l’article dans l’ordre, mais je vais finalement inverser et vous parler d’abord de mon deuxième jour sur place. Le premier jour est plus bas. Les âmes sensibles et les enfants ne doivent absolument pas lire la deuxième partie (je vous préviens quand vous arrêter).

Ma journée de visite de la ville se fait à pied sous une chaleur écrasante. Je me rends d’abord au marché central, le principal de la ville. On peut y trouver de tout : bijoux, tee shirt, souvenirs, fruits et légumes, viandes, poissons (toujours conservés dans les même conditions d’hygiène douteuses qu’ailleurs en Asie du Sud Est). J’en profite pour acheter un peu de mes deux nouveaux fruits préférés : le jack fruit (ou fruit du jacquier en français), et le fruit du dragon.

Je visite ensuite le palais royal, qui est donc la résidence du roi du Cambodge. Le complexe se divise en trois bâtiments principaux :

  • la pagode d’argent qui est le temple royal. Elle doit son nom aux 5000 plaques d’argent qui recouvre le sol du bâtiment (en toute simplicité), mais seules quelques unes sont visibles à l’entrée. Les autres sont recouvertes d’un tapis pas vraiment beau. Elle abrite de nombreuses statues de bouddha dont certaines en or ou même en crystal (photos interdites).
  • la salle du trône qui sert aujourd’hui pour les cérémonies royales et religieuses (photos interdites à l’intérieur)
  • le pavillon du clair de lune qui ne se visite pas. Il sert pour les représentations des danseuses royales ou pour les grands banquets.

Et puisque que quand même c’est le roi, au palais ils utilisent un ancien camion de pompiers pour arroser les parterres de fleurs !

Pour terminer la journée j’ai fait pété le budget dans un restaurant français spécialisé dans les produits du sud ouest. Salade de chèvre chaud et assiette de fois gras… après tous ces mois de voyage c’est fou comme ça fait bien plaisir de manger une simple salade de chèvre chaud.

Deuxième partie… interdite aux enfants et aux âmes sensibles.

La ville de Phnom Penh a un passé plutôt chargé… En 1975, les khmers rouges envahissent la ville et forcent la quasi totalité des habitants à partir travailler dans des fermes à la campagne, dans des conditions très dures. La ville qui comptait 2 millions d’habitants se vide alors totalement pendant plus de 3 ans.

Ma première journée sur place est plus que « chargée » puisque j’enchaîne la visite des deux lieux symboles de cette époque :

  • la prison S21 : ancienne école française transformée en prison par les khmers rouges. Ils y enfermaient tous les soit disant opposés au régime : intellectuels, ouvriers, ministres… le simple fait de porter des lunettes (y compris pour les enfants) étant suffisant pour être considéré comme intellectuel, et donc envoyé dans cette prison. Plus de 15000 personnes y ont été enfermés (hommes, femmes, enfants et même bébés) pour une durée de 3 mois en moyenne. A la libération, seuls 7 survivants ont été retrouvés. Ceux qui étaient envoyés là étaient torturés jusqu’à ce qu’ils avouent un crime si besoin imaginaire qui les conduisait inéluctablement à une fin tragique puisqu’ils étaient ensuite envoyés aux champs de la mort. En attendant ils étaient détenus dans des toutes petites cellules construites de brique ou de bois. A leur arrivée à la prison, chaque prisonnier était pris en photo. puis une autre était prise juste avant, ou au moment de leur mort. Aujourd’hui, le site est devenu un musée du génocide khmer. Dans plusieurs salles sont affichées les photos prises et c’est plutôt lourd comme sensation !
  • le site de Choeung Ek, plus connu sous le nom de « Killing Fields » : lorsqu’on arrive sur le site assez petit finalement, on ne comprend pas vraiment on pourrait croire à de simples champs. Sur place, il faut absolument prendre un audio guide pour avoir les explications et comprendre l’horreur du lieu. Sur le site d’un ancien cimetière chinois, les khmers rouges ont transformés ces champs en camp d’extermination. Les prisonniers de S21 étaient emmenés ici en camion puis exécutés. Pour ne pas éveiller les soupçons des habitants du coin (tout cela devait rester secret), l’usage des balles n’étaient pas autorisés. Les bourreaux utilisaient à la place des pioches, des marteaux ou des machettes. Des hauts parleurs diffusaient également des chansons pour couvrir les cris. Il a été estimé que 17000 personnes ont été tuées à cet endroit et réparties dans 129 fosses communes. Ce n’est d’ailleurs malheureusement pas le seul camp d’extermination qui existait dans le pays à l’époque. Plusieurs des fosses ont été fouillées et les ossements regroupés dans un monument du souvenir situé au milieu du site. Avec le temps des morceaux de vêtements (mais aussi parfois des os ou des dents) remontent à la surface. – Ames sensibles, ne pas lire la suite – Une des fosses étaient spécialement dédiée pour les bébés dont les bourreaux fracassaient le crâne sur l’arbre juste à côté. C’est d’ailleurs en découvrant des cheveux et de la matière cérébrale incrustée dans cet arbre qu’un paysan du coin à découvert l’existence de ce site après la chute des khmers rouges.

Désolée pour la dureté du récit, les deux sites sont très chargés en émotion, mais selon moi essentiels pour se rappeler de le génocide qui a eu lieu au Cambodge entre 1975 et 1979 (c’était quasiment hier).

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